Réponses écologiques de la faune en périphérie d'une aire protégée en savane africaine, Zimbabwe
Olivier Pays  1@  , Christophe Amiot  1@  , Tawanda Tarakini  2@  , Manon Bonnet  1@  , Frazer Bitu  3@  , Masotsha Mhlanga  3@  , Martin Muzamba  3@  , Chloé Guerbois  4@  , Hervé Fritz  4@  
1 : UMR CNRS 6554 LETG-Angers / IRL REHABS / ZA Hwange
Université d\'Angers
2 : Chinhoyi University of Technology / ZA Hwange
3 : ZA Hwange
4 : IRL REHABS, School of Natural Resource management, Nelson Mandela University, Georges, South Africa / ZA Hwange

Contexte Maintenir l'exploitation des ressources naturelles par l'homme et les richesses biologiques sur un territoire est un enjeu majeur qui existe tout particulièrement dans les zones périphériques des aires protégées (AP) des régions tropicales. En effet, les activités humaines autour des AP rendent ces espaces de plus en plus inhospitaliers et peu perméables à la biodiversité. Toutefois, la coexistence homme/faune existe dans ces milieux où les animaux trouveraient de nouvelles opportunités alimentaires mais tendraient à devenir nocturnes afin de minimiser le risque de rencontre avec l'homme.

Objectifs Nous étudions ici la perméabilité d'une zone d'interface AP/périphérie d'une savane tropicale africaine autour du parc national de Hwange au Zimbabwe au travers de 2 objectifs : (1) Etudier les dynamiques spatiales et temporelles de la communauté de mammifères dans la zone d'interface et (2) identifier les activités humaines qui façonnent directement ou indirectement ces dynamiques.

Méthodes 30 pièges photos ont été déployés sur 4 sessions de 2 semaines entre mi-octobre 2019 et mars 2020 dans la zone d'interface peu anthropisée suivant 4 transects. L'étude des images photographiques permet de reconstituer la communauté de mammifères (hors primates et micromammifères) présente dans la zones d'étude ainsi que les rythmes d'activité des espèces sauvages et domestiques. Des modèles d'occupation spatiale des espèces sauvages les plus communes ont permis de tester l'effet de la distance à limite de l'AP la plus proche, la présence de 2 composantes paysagères (champ cultivé vs. bush) et la présence et la densité du bétail.

Résultats Les analyses mettent en évidence que (1) la zone d'interface étudiée est très peu perméable aux grands mammifères sauvages puisque seuls les éléphants, grands koudous et hyènes ont été répertoriés, (2) la communauté de petits mammifères carnivores et herbivores (<15kg) est assez diversifiée (mangoustes, genette, chat sauvage, lièvre, céphalophe, raphicère, otocyon, oryctérope), (3) les espèces domestiques incluant le bétail (vaches, chèvres et mouton), les chiens et chats sont très largement répandus dans la zone, (4) les espèces sauvages les plus communes sont nocturnes alors que les espèces domestiques sont diurnes, (5) la présence des petites antilopes sauvages (céphalophe, raphicère) est négativement corrélée à la présence de champs cultivés et à la densité de vaches alors que la distance à la limite de l'AP influence peu ces espèces.

Conclusion Nos résultats suggèrent une zone d'étude périphérique peu perméable à la grande faune avec un partitionnement de niche (homme diurne et faune nocturne). Au regard des quelques grands mammifères présents, il semblerait que ce soit les opportunités alimentaires qui motivent leur présence dans la zone étudiée. Les espèces sauvages de plus petites tailles sont finalement assez diversifiées dans la zone périphérique. Elles évitent les rencontres avec l'homme, le bétail et les chiens en étant majoritairement nocturnes. Nos perspectives seraient maintenant d'étendre la zone étudiée afin d'inclure un gradient d'intensification d'activités anthropiques plus important.


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