Les trajectoires paysagères des localisations de plans d'eau du bassin versant de la Loire (1834-2018)
Pascal Bartout  1@  
1 : Centre dÉtudes pour le Développement des Territoires et lÉnvironnement  (CEDETE)
Université d'Orléans : EA1210
UFR Lettres, Langues et Sciences Humaines 10 rue de tours, BP 46527 45065 ORLEANS CEDEX 2 -  France

Les plans d'eau français souffrent de méconnaissances multiples, quelles que soient les disciplines explorées, faits d'autant plus vrais que ceux-ci sont petits et artificiels, conduisant à des modes de gouvernance contemporains peu adaptés à leur fonctionnement, environnement et territoire(s).

Par l'entremise entre autres du territoire limnique (Bartout et Touchart, 2017), nous questionnons depuis des décennies ces manques par des approches géographiques multiples, tant pour mieux comprendre le fonctionnement interne de chaque plan d'eau, les interrelations avec son territoire adjacent, son limnosystème (Touchart et Bartout, 2018), que cerner les trajectoires paysagères de plusieurs plans d'eau au sein d'un géosystème en perpétuel mouvement. Ces approches systémiques multiscalaires et multifactorielles ont permis de générer de nouveaux indicateurs autres que ceux, avant tout biologiques et géochimiques, introduits par la politique du SEQ (Système d'évaluation de la Qualité) depuis 1992.

Notre approche de géographie limnologique permet de répondre à cette demande qualitative en ne se concentrant pas uniquement sur les espèces animales et végétales ou les transits sédimentaires. Elle questionne l'érème hydrologique et tous les processus humains, complexes, ayant conduit aux créations, destructions ou remaniements des différents types de plans d'eau. A l'échelle européenne, nous avons promu dernièrement l'indicateur d'empreinte limnique (Bartout et Touchart, 2018) montrant l'importance notable, pour ne pas dire prépondérante, de la France au niveau des plans d'eau artificiels et de taille intermédiaire. Mais ce fait contemporain mérite d'être questionné à l'aune de l'histoire ou plutôt de la géohistoire, non par des textes seuls mais accompagnés de cartographies, afin de comprendre les localisations de plans d'eau, leurs fluctuations et les raisons de celles-ci, locales ou globales, et ainsi pouvoir questionner à terme les impacts de ceux-ci, positifs comme négatifs, à une époque donnée.

Les seuls éléments sur lesquels nous pouvons nous appuyer historiquement sont les inventaires du Baron Rougier de la Bergerie (1819, 1834) correspondant à un état des lieux limnique en 1793 et en 1834, puis celui de Bartout et Touchart (2013) complété en 2018 (inédit). La comparaison surfacique y est possible bien que limitée par les carences techniques et philosophiques de chaque inventaire construit par département (1793,1834) et/ou par commune (2013). Mais si les superficies intéressent les chercheurs et gestionnaires travaillant aux échelles nationales et supranationales, c'est la répétition des plans d'eau qui questionne ceux aux échelles régionales et locales. Or, si l'inventaire de 1793 inventorie le nombre d'« étangs », celui de 1834 se contente des seules superficies, ne permettant pas de comprendre davantage les évolutions quantitatives et qualitatives (mares, étangs, lacs) durant la période post-révolutionnaire riche en soubresauts pour les possesseurs de plans d'eau.

Grâce au décompte des plans d'eau sur chaque planche cadastrale du Cadastre Napoléonien de plusieurs milliers de communes, nous sommes aujourd'hui en mesure de proposer une cartographie des plans d'eau en 1834 pour une grande partie du bassin versant de la Loire. Cette cartographie sera commentée, comparée pour figurer des trajectoires paysagères limniques et questionnée pour émettre des hypothèses quant aux variations notables observées.


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