Mieux décrire pour mieux comprendre : la distribution spatiale des espèces exotiques envahissantes en ville.
Muriel Deparis  1@  , Sébastien Bonthoux  2, 3@  , Nicolas Legay  5, 4@  
1 : Cités, Territoires, Environnement et Sociétés  (CITERES)
Université de Tours, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7324
2 : Institut National des Sciences Appliquées - Centre Val de Loire
Umr CNRS 7324
3 : Cités, Territoires, Environnement et Sociétés
CNRS : UMR7324, Université François Rabelais - Tours
5 : Institut National des Sciences Appliquées - Centre Val de Loire
CNRS : UMR7324
4 : Cités, Territoires, Environnement et Sociétés
Université de Tours, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7324

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) végétales sont très présentes en milieu urbain mais les processus à l'origine de leur distribution spatiale restent mal connus. Cette méconnaissance provient en partie d'une caractérisation encore très sommaire de la matrice urbaine et de ses facteurs écologiques. En effet, la description du milieu urbain se fait majoritairement par des distances au centre-ville ou des gradients d'imperméabilisation. Ces descriptions omettent la complexité spatiale et historique de la matrice urbaine et ses composantes sociales, rendant difficile la compréhension des processus de distribution des espèces, notamment exotiques, à l'échelle d'une ville. Nous nous sommes intéressés aux facteurs urbains expliquant la distribution de sept EEE végétales sur le site atelier de la ville de Blois (4x4km, 50 000 habitants) en explorant sur le terrain 2203 mailles de 100x100m. Les facteurs explicatifs considérés sont des mesures indirectes de la dispersion (surface en routes principales, secondaires et en voies ferrées) et des caractéristiques de l'habitat (imperméabilisation, distance au fleuve). Pour refléter les usages humains et les pratiques de gestion associées, une typologie de quartiers basée sur l'âge du bâti et les formes urbaines a permis de catégoriser la ville en 8 classes. L'impact de ces variables sur la probabilité de présence et sur le recouvrement des EEE a été testé avec différents modèles de régression.

L'imperméabilisation du sol affecte le plus souvent et négativement la distribution des espèces. Six espèces voient leur présence impactée par au moins une des trois variables considérées comme influençant la dispersion. La typologie de quartier explique la présence de trois espèces sur sept. Par exemple, le quartier « industriel » influence positivement la probabilité de présence de Robinia pseudoacacia (L.) et Acer negundo (L.) alors que le quartier « résidentiel collectif » influence négativement la présence de R. pseudoacacia. Les différents types de quartiers mettent en évidence différents usages des EEE. Par exemple, on constate que la distribution d'A. negundo est non seulement liée à une installation et une dispersion spontanée en bord de Loire, mais aussi à des pratiques de plantation comme arbre d'alignement le long des rues ou comme ornement dans certains lotissements. Certaines espèces associées à des âges du bâti semblent indiquer des phénomènes de mode dans le choix des plantations.

Cette étude souligne la nécessité d'augmenter l'effort de caractérisation du milieu urbain, afin de décrire au mieux la variabilité interne à ce milieu, variabilité souvent agrégée au sein de classifications générales (urbain, péri-urbain, rural). Cet effort permet de mieux comprendre les patrons écologiques à l'œuvre dans la distribution des espèces exotiques envahissantes en ville et de les relier directement à de la planification urbaine et des processus sociaux.


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