Gouvernance et changements de trajectoire au sein du Domaine national de Chambord : un territoire emmuré depuis 5 siècles
Valentin Cognard  1, *@  , Christophe Baltzinger  2, 3, *@  , Amélie Robert  3, 4, *@  , Sylvie Servain  3, 5, *@  
1 : Cités, Territoires, Environnement et Sociétés
Université de Tours, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7324
2 : INRAE - UR Ecosystèmes forestiers
INRAE
3 : Zone Atelier Loire
Centre National de la Recherche Scientifique - CNRS
4 : Cités, Territoires, Environnement et Sociétés  (CITERES)  -  Site web
CNRS : UMR7324, Université François Rabelais - Tours
33 allée Ferdinand de Lesseps BP 60449 37204 Tours cedex 3 -  France
5 : UMR 6173 CITERES  (CITERES)
CNRS : UMR6173
* : Auteur correspondant

Le Domaine national de Chambord est le territoire emmuré le plus vaste d'Europe, d'une supercie de 5 440 ha. Les évolutions subies depuis sa création, en 1519, sont caractéristiques d'autres territoires de Sologne, région naturelle de 500 000 ha (Région Centre-Val de Loire). Sur ce territoire clos, les recherches menées ont visé à améliorer la compréhension des paysages, par une approche pluridisciplinaire centrée sur les ongulés sauvages, cerf et sanglier, comme acteurs dynamiques des socio-écosystèmes contemporains (projet Costaud, finance par la Région Centre-Val de Loire, 2016-2019). Nous avons ainsi analysé les liens entre les dynamiques paysagères et ces ongulés, en abordant le rôle du cerf et du sanglier dans le fonctionnement des écosystèmes et la fabrique de l'image de Chambord.

Dans le cadre d'une Action Transversale Homme-Nature du Reseau des Zones Ateliers, nous avons questionné le rôle de la gouvernance dans les trajectoires paysagères et fauniques observées. Pour cela, nous avons mené une analyse suivant deux temporalités, depuis la création du domaine, au XVIe siècle, et, de façon plus détaillée à compter de 1947, du fait de sources plus précises et plus nombreuses, quand le domaine a été soumis au régime forestier et est devenu Réserve nationale de Chasse et de Faune sauvage.

L'analyse d'un corpus de données - archives, rapports, informations collectées sur le terrain et sources spatialisées integrées dans un système d'information geographique (cartes, plans anciens, photographies aériennes...) - nous a permis d'identifier les évènements clés qui ont orienté les trajectoires au sein du domaine.

Il apparaît ainsi que le parc de Chambord a d'abord été crée pour être un domaine de chasse et qu'au grès des propriétaires, la gestion a varié, entraînant des changements dans les paysages et les populations d'ongulés. Un évènement marquant demeure les premières plantations forestières, de grande ampleur au XIXe siècle ; l'agriculture régresse au profit de la forêt qui s'impose mais sa gestion reste subordonnée aux fonctions cynégétiques qu'elle remplit avant tout. Plus récemment, nous avons pu identifier une prise en compte progressive de la biodiversité, des habitats et la grande faune emblématique ; ce qui est révélateur d'une évolution perceptible au sein de la société et qui a également été utilisée pour le developpement touristique du domaine national de Chambord, devenu EPIC (Etablissement public a caractère industriel et commercial) en 2005. Au final, l'analyse de la gouvernance et des outils mobilisés pour la protection, mais aussi la valorisation de ce territoire et sa biodiversité, montre une convergence d'actions qui, pour autant, ne répondent pas aux mêmes objectifs.


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