Politiques publiques agricoles et gouvernance concertée du territoire pour la transition agroécologique
Floriane Clement  1, 2, *@  , Diane Esquerre  3, 2@  , Aude Vialatte  2, 3@  , Cécile Barnaud  1, 2@  , Christine Herve  4, 2@  
1 : Dynafor, Université de Toulouse, INRA, INPT, INPT - EI PURPAN, 24 Chemin de Borde-Rouge Auzeville CS 52627, 31326 Castanet-Tolosan Cedex
Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE)
2 : LTSER Zone Atelier « PYRÉNÉES GARONNE », 31320 Auzeville-Tolosane, France
ZA CNRS
3 : Dynafor, Université de Toulouse, INRA, INPT, INPT - EI PURPAN, 24 Chemin de Borde-Rouge Auzeville CS 52627, 31326 Castanet-Tolosan Cedex
Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement
4 : UMR CNRS-INRA 2594/441
CNRS : UMR2594, Institut national de la recherche agronomique (INRA) : UMR441
* : Auteur correspondant

Les politiques publiques agricoles et de développement rural ont suivi depuis les années 1990 deux ré-orientations majeures. D'une part, une territorialisation de l'action publique, et d'autre part, un verdissement des politiques et une institutionnalisation de l'agroécologie. Alors que ces réorientations ont eu lieu de manière parallèle mais pas forcément concertée, un nombre croissant d'études scientifiques défendent que la transition agroécologique nécessite une gouvernance concertée à l'échelle du paysage ou du territoire. Cependant, les conditions d'émergence de ce type de gouvernance restent relativement peu explorées. C'est l'objet de notre analyse, menée via un projet en émergence de recherche action participative, « COTERRA ». En particulier, nous nous sommes intéressées à l'influence des politiques publiques agricoles sur l'émergence de formes de gouvernance territoriale de la transition agroécologique, et sur la manière dont celles-ci influencent les relations entre acteurs et les représentations au travers des institutions et discours qu'elles mobilisent.

Notre recherche s'est ancrée sur le territoire des coteaux de Gascogne, dans le Nord Comminges, situé dans la Zone Atelier « Pyrénées Garonne » (Pygar). Ce territoire doit en effet relever de multiples enjeux, interconnectés socialement et écologiquement : la réduction de l'érosion de sols, le maintien de la polyculture-élevage et la préservation de la biodiversité et du paysage. Les interdépendances sociales et écologiques sur lesquels ces enjeux reposent appellent donc à l'action collective et à une gouvernance concertée. Notre méthodologie pour cette étude a reposé sur une revue des politiques publiques agricoles déployées sur le territoire, des entretiens semi-directifs réalisés avec une vingtaine d'agriculteurs.trices, conseillers agricoles et représentants de l'administration publique et sur des projection-débats organisées autour d'une vidéo participative sur le territoire réalisée par des étudiants.

L'analyse souligne que in fine les dispositifs actuels mis en œuvre sur le territoire supportent peu l'émergence d'une gouvernance concertée. En effet, la plupart ne considèrent que de manière très limitée les enjeux locaux et ne favorisent pas l'action collective. Ces dispositifs participent peu à l'élargissement ou à la recomposition de l'espace délibératif et de décision à l'échelle du territoire. Par ailleurs, le verdissement des politiques publiques a également des effets contre-productifs, dus à la complexification réglementaire, aux discours publics et dispositifs polarisant différents modèles agricoles, et à leur faible légitimité. Nous concluons par des recommandations, notamment visant à une véritable décentralisation des politiques publiques agricoles, et à une meilleure prise en compte de la justice sociale et environnementale dans les dispositifs de politique publique.


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